L’histoire de l’occupation humaine à Sainte-Barbe
La préhistoire
Les plus anciennes traces d’occupation du territoire de Sainte-Barbe datent d’environ 40000 ans. A cette époque, durant la glaciation du Würm, des Néandertaliens avaient installé sur une colline un campement de chasse où ils ont abandonné divers outils en pierre taillée qui servaient à travailler les peaux de rennes, mammouths et autres grands herbivores qui parcouraient la toundra glacée.
Protohistoire et période gallo-romaine
Il y a 5000 ans, des hommes du Néolithique cultivent les terres blanches, abandonnant de nombreux outils et éclats de silex. Les gaulois n’ont pratiquement pas laissé de traces, leurs habitations étant faites de matériaux périssables. L’occupation gallo-romaine est par contre importante. Des voies romaines secondaires traversaient le plateau au sud de Sainte-Barbe et à Retonfey et les traces d’habitats sont abondantes : villas et petits bâtiments agricoles repérables par des débris de grandes tuiles plates (tegulae) et des tessons de pots et cruches en céramique. Un sanctuaire existait à l’emplacement de l’église comme en attestent trois stèles sculptées et divers objets retrouvés en 1858. Il est évident que de nombreux restes de cette époque se trouvent sous les maisons de ce secteur du village.
Le Moyen-Age
Il en est de même des vestiges du haut Moyen-Age. Le seul découvert était un sarcophage apparemment carolingien trouvé sous la place Baudoche en 1968 et qui a été détruit depuis. Cela prouve qu’aux alentours de l’an Mille et donc bien avant le développement du pèlerinage existait à cet emplacement un lieu de culte important.
La population médiévale a laissé des vestiges de constructions et divers débris de céramique découverts dans les champs. C’est à cette époque que se développe le culte de sainte-Barbe et que commence pour la commune, l’histoire écrite. Les terres initialement possession de l’Evêché de Metz passent ensuite à diverses grandes familles messines, dont les Baudoche. Le pèlerinage à sainte Barbe débute vers le XIIe siècle après l’apport probable d’une relique de la sainte par un croisé revenant d’orient. C’est à cette époque que le village anciennement nommé Erpegny devient Sainte-Barbe. A partir du XVe siècle, les chroniques relatent divers évènements parmi lesquels l’incendie de maisons du village et la destruction de Sanry et de Vry par des troupes venues de la région de la Petite-Pierre. Moins dramatiques, les visites au sanctuaire de membres de la famille ducale de Lorraine dont René II et Philippe de Gueldre son épouse. En 1473, sainte Barbe devient patronne de la ville de Metz et les grands pèlerinages débutent, partant de la porte Ste Barbe de Metz. Antoine, duc de Lorraine et Renée de Bourbon, duchesse de Lorraine, son épouse viennent en 1525. Ces derniers visiteurs n’ont pas connu l’ancienne église mais la nouvelle en cours de construction depuis 1516. Claude Baudoche, seigneur du lieu avait en effet entrepris cette réalisation grandiose et celle d’un couvent annexé mais en raison de multiples décès, elle ne fut jamais terminée. Le dernier grand pèlerinage eut lieu le 28 août 1583.
On ne sait ce qui se passa à Sainte-Barbe en 1552, quand Charles Quint, empereur du saint Empire romain germanique vint assiéger Metz défendue par les Français commandés par François de Lorraine, duc de Guise. Rien de particulier ne semble s’être passé chez nous durant cette période qui dut pourtant être fort agitée en raison des guerres de religion. C’est à ce moment que l’église de Claude Baudoche fut érigée mais avec de regrettables contretemps dus aux décès successifs des derniers Baudoche. En 1558, les héritiers transmirent finalement l’église et le village au chapitre de la cathédrale qui acheva la tour sud en 1604. Le sanctuaire fut ensuite entretenu par les Bénédictins qui y installèrent un prieuré en 1634.
Le XVIIe fut pour toute la région le temps des malheurs notamment durant la guerre de trente ans surtout à partir de 1634. Les Français et leurs alliés suédois combattaient les Lorrains et leurs alliés croates. En 1635, une troupe de Messins festoyant dans le village fut prise à partie par des Lorrains qui occirent leur chef et les délogèrent promptement. En 1635 toujours, des Croates brûlèrent le village et tentèrent d’incendier l’église, massacrant 21 personnes qui s’y étaient réfugiées. Fort rares sont donc les vestiges des constructions antérieures à cette série de méfaits : une maison datée de 1577 près de l’église, une autre de 1593 à Erpegny, un calvaire et une partie de l’église. Une belle grange renaissance restée quasiment intacte au centre d’Avancy fut abattue il y a quelques années.
Le traité de Westphalie mit fin à ces exactions en 1648 et avec lui, le Pays messin rattaché de fait au royaume de France depuis 1552 le devint juridiquement.
En ce qui concerne les affaires religieuses, Sainte-Barbe fit partie de la paroisse de Retonfey et le prieuré bénédictin dépendait de l’abbaye de Senones. Il ne fut jamais bien important. Il ne compta au maximum qu’une dizaine de religieux (quatre en 1792) et ses biens mobiliers restèrent assez médiocres.
La période moderne
Les données concernant le XVIIIe siècle sont fort rares. Toutefois, un événement d’importance a marqué l’histoire de la région dans le dernier quart du siècle, à savoir l’émigration d’une nombreuse population vers le Banat, situé aux confins de la Hongrie, de la Serbie et de la Roumanie. Les désordres consécutifs à la guerre de succession d’Autriche et à la guerre de sept ans suivis d’une famine poussèrent plusieurs milliers de personnes à tenter l’aventure du côté du Banat sur proposition de l’impératrice Marie-Thérèse d’Autriche. On ne sait rien des méfaits de la révolution. On peut seulement conjecturer que dans ces périodes troublées, l’église ne fut plus entretenue et que son état de délabrement poussa la commune qui la récupéra au début du XIXe siècle à la détruire après décision du conseil municipal en 1826 pour la remplacer par l’actuelle. Il s’avère en fait que la reconstruction coûta bien plus cher qu’une réparation mais, déjà à l’époque, il fallait faire du neuf ! Heureusement pour le village, le ministère de la guerre interdit la destruction de la tour sud que nous pouvons toujours admirer.
Quatre vitraux de l’ancienne basilique ont échappé à la destruction. Restaurés, ils ont été replacés dans les chapelles Saint-Joseph et Saint-Livier de la cathédrale de Metz, chapelles situées respectivement à gauche et à droite du chœur. Ci-contre, dans la chapelle Saint-Livier, la Vierge portant l’Enfant Jésus et Sainte-Barbe devant la tour et la palme du martyre.
La période contemporaine
Le 13 août 1870, veille de la bataille de Borny, la première armée allemande se déploie de Sainte-Barbe à Pange. Elle fait mouvement le 14 en direction de Servigny où elle installe des batteries d’artillerie et de Mey. Le front se trouve donc à l’ouest du village durant tout le conflit mais une troupe nombreuse campe sur le ban de la commune jusqu’à la capitulation de Metz le 27 octobre. Les 31 août et 1 septembre, les troupes françaises assiégées tentent une sortie en direction du plateau de Sainte-Barbe où le général Manteuffel installe son quartier général. Elles n’atteindront que Noisseville et Servigny dont elles seront rapidement repoussées par des forces très supérieures en nombre et en artillerie. Ces combats ont fait à proximité de Sainte-Barbe et de Gras, 335 victimes qui furent inhumées temporairement à Gras où un monument fut détruit récemment lors de la construction du lotissement.
Rien de particulier n’eût lieu durant la période de l’annexion, si ce n’est la construction du fort puis de la batterie de deux pièces de 150 au N-E du village et l’installation de retranchements dans le bois de Cheuby dans les premières années de la grande guerre, après la stabilisation du front au sud de Metz, le long de la vallée de la Seille.
Rien de particulier non plus en faits militaires lors de la guerre de 1939-45, si ce n’est la destruction d’une grande partie des vitraux de l’église quand les Français firent sauter les munitions entreposées dans le fort. Par contre, l’exode de la plus grande partie de la population en 1940 a laissé une trace indélébile dans la mémoire des habitants du village.
De toute cette histoire singulière ne subsistent malheureusement que de trop rares vestiges
1516 : La République messine
Metz fut très tôt une ville commerçante et vit la bourgeoisie prendre de ce fait un rôle de plus en plus prépondérant dans la vie de la cité alors que l’évêque et le clergé perdaient progressivement leur pouvoir temporel. Dès 1207, la justice passa aux mains de treize bourgeois. Après la guerre des Amis qui vit en 1234 la victoire des bourgeois messins, face à l’évêque Jean d’Apremont, ce dernier quitta la ville pour s’installer à Vic-sur-Seille, gardant toutefois un certain pouvoir théorique.
Metz devint alors une république oligarchique entièrement aux mains de la riche bourgeoisie messine. Une communauté urbaine gouverna la cité, promulguant chartes et atours mais très vite, cinq des plus riches familles prirent le pouvoir afin de se protéger mutuellement : ce furent les paraiges qui à la fin du XIIe siècle, représentaient cinq quartiers de la ville. Après l’éviction de l’évêque, ils s’allièrent aux bourgeois du « commun » pour assurer pleinement le gouvernement de la ville. Créé vers la fin du XIIIe, le Grand conseil de la cité comprenait 140 membres dont 100 désignés par les paraiges et 40 par le Commun, les gens de métier n’étant pas représentés. Le maître-échevin était choisi par les paraiges et les treize. Bien que non représentée, la classe laborieuse y trouva finalement son compte dans l’une des villes les plus riches de l’Europe médiévale. Le principal souci du Grand Conseil fut de sauvegarder l’indépendance de la cité de façon à en privilégier le commerce. Pour ce faire, il s’appliqua à respecter la devise « Si nous avons paix dedans, nous avons paix dehors ». Il le fit si bien que la tutelle théorique de l’Empereur se relâcha à tel point que le royaume de France annexa sans grande difficulté le Pays messin en 1552 à une époque où un commerce déclinant faisait rechercher de nouveaux débouchés.
(Les terres du Pays messin appartenaient à l’évêché ou aux grandes familles messines. En 1516, Sainte-Barbe était une possession de Claude Baudoche, maître échevin).