A l’invitation de Christian Perrin, maire de Sainte-Barbe, M. Laurent Touvet, Préfet de la Moselle, est venu à la rencontre des élus, chasseurs et agriculteurs pour échanger et leur confirmer son engagement sur un sujet récurrent, la régulation des corvidés. Et chacun a pu exprimer son point de vue.
En préambule, Christian Perrin a rappelé les préjudices économiques que subissent les agriculteurs du fait de la prolifération des corvidés, frais de resemis, rendements moindres, dégâts…. Mais il a insisté aussi sur les préjudices humains, redoutant même des conséquences tragiques. Le maire a conclu en présentant les résultats probants, bien qu’insuffisants, du piégeage de corbeaux sur le secteur.
Le Préfet a assuré les maires et agriculteurs de son soutien et appelle à la mobilisation de tous les acteurs. Outre la collaboration de la Fédération Départementale de la Chasse et de la FDSEA, il a rappelé celle de la Fédération Régionale de Défense contre les Organismes Nuisibles (FREDON), du département de la Moselle, qui finance des cages, et de la Gendarmerie pour la protection de ces pièges. « Il n’y a pas de solution miracle » mais Laurent Touvet souligne deux méthodes principales pour réduire les populations de corvidés : le tir (par les chasseurs ou les agriculteurs), et le piégeage, mis en œuvre par des personnes habilitées. Laurent Touvet a rencontré la LPO (Ligue pour la Protection des Oiseaux), très sensible au nécessaire discernement entre nuisibles et animaux protégés. Le Préfet souscrit à l’idée d’informer le grand public pour que chacun puisse disposer de la bonne information et bien comprendre les enjeux. « Je cherche l’efficacité et la concertation pour réussir sur le long terme » a-t-il conclu.
Pierre Lang, président de la Fédération Départementale des Chasseurs, plaide pour une intensification des efforts et rappelle l’implication de sa Fédération, notamment pour la formation des piégeurs et tireurs. Il souligne également la nécessité de faire « remonter » les informations sur les dégâts causés par les corvidés de manière à obtenir les aides nécessaires. Et pourquoi pas donner une prime pour encourager le tir des corvidés ?
Christian Petit, maire de Retonfey, considère que « le temps joue contre nous ». Il rappelle qu’il s’agit bien de réguler, en aucun cas d’éradiquer les corvidés, et plaide pour l’autorisation, bien encadrée, de tirer au nid, comme cela se pratiquait autrefois.
Jean-Marie Mizzon, sénateur de la Moselle, a souhaité mettre l’accent sur l’environnement car la prolifération des corvidés pèse sur l’ensemble des écosystèmes. La communication est un outil essentiel.
Ses propos ont été repris par Dominique Mast, maire de Vry et technicien forestier, qui souligne la sur-prédation des corbeaux sur la chaîne alimentaire, les mésanges en particulier, qu’il rapproche de la prolifération des chenilles processionnaires. Le tir au nid, bien encadré, doit être appréhendé comme la bonne solution.
Jean-Louis Masson, sénateur de la Moselle, a souligné la mobilisation précoce de bénévoles, maires et agriculteurs, pour s’attaquer à la prolifération des corvidés mais il souhaite aller plus loin. Faire de ce territoire un champ d’expérimentation et autoriser, sur une courte période, la destruction des nids
Fabrice Couturier, président de la FDSEA de Moselle, souscrit à l’autorisation de détruire les nids, encourage l’installation de cages et prône la formation de piégeurs.
Didier Schrecklinger agriculteur, déplore l’agri-bashing auquel sa profession est confrontée et souligne les dégâts économiques et humains causés par les corvidés. Sans compter les actes de sabotage des cages.
Richard Thomas, piégeur agréé, insiste sur la dégradation des cages et demande une vigilance accrue de la force publique.
Thierry Paul, président du FREDON Lorraine, rappelle que le problème doit être appréhendé dans la concertation et de manière globale, sur un vaste territoire, et souscrit à la remontée d’information sur les dégâts pour pouvoir mieux agir.
Sensible à tous ces arguments, Laurent Touvet prône l’action à long terme et se dit prêt à envisager l’expérimentation, sur une corbeautière, de la destruction au nid.
Christian Perrin conclut les débats en plaidant pour que Sainte-Barbe et environs soit territoire d’expérimentation et cautionne une nécessaire information du public. Pour poursuivre leurs échanges, tous les acteurs se sont rendus sur le terrain à Retonfey où est installée une cage. L’occasion d’en mesurer l’efficacité.